Geneviève Pezeu (prof en région parisienne) a passé une semaine avec nous au refuge durant le mois de juillet 2010.

Elle nous livre ici son regard sur les refuges et leurs gardiens.

Merci à elle.

 

 

 

La gardienne, le gardien de refuge,

le plus généreux des amoureux de la montagne

 

 

Qu'ils soient les gardiens d'une grosse baraque en pierre, d'un perchoir en taule, d'une cabane en bois ou d'un bloc de ciment, ils doivent l'aimer la montagne ! Ce sont eux qui font le lien et le partage de tous ceux et celles qui en profitent.

Les gardiennes et gardiens vivent les étapes, les projets, les courses des autres amoureux de la montagne ! Ce sont eux qui veillent, sur veillent et préviennent lorsqu'il y a un épisode tragique. Ce sont eux qui colportent les joies des victoires : grandes victoires pour les champions des sommets, petites victoires du randonneur qui s'est surpassé.

Ce sont les gardiens des bonheurs, des bobos, des inquiétudes de tous ceux et celles qui passent, mangent, dorment chez eux le temps d'une petite journée, d'une fin d'après-midi ou d'une courte nuit.

 

Les gardiens sont sûrement les plus généreux car comment ne pas se sentir frustré ? Amoureux sans aucun doute, ce sont eux qui, de moins en moins, peuvent faire de la montagne.

Ils y sont, ils y vivent, ils "la" font et ils ne peuvent plus en faire de la montagne ! "Coincés" dans leurs devoirs de recevoir, de partager, communiquer et de donner à manger et à dormir. Ils donnent aussi la météo, ils racontent les expériences, ils font la cuisine, ils gérent les dèchets. Que faire des canettes de bière et de Coca vides ? Comment stocker les bouteilles d'eau en plastique ? Que prévoir pour les trente personnes qui dînent ce soir ?

Disponibilité, générosité, les gardiens de refuge sont l'âme de la montagne.

Ils donnent l'ambiance parce qu'ils nous disent lorsqu'on arrive aprés l'effort :

"Bienvenue ! installez vous, vos sacs, votre matos dans un coin, choisissez vos sabots et votre oreiller !"

Et voilà, le temps de la pause, on va se sentir bien.

D'abord au téléphone, au moment de la réservation, on sent déjà qu'on est attendu. Génial avant de partir ! Puis la marche, l'escalade, la courses avec l'altitude, les fleurs colorées au creux des rochers, l'eau des torrents qui fait le bruit de fond. L'effort ! le plaisir de l'effort et de l'"écurie"/refuge qui devient le but à atteindre.. On arrive et on prend ses marques. On retrouve qui ? Des hommes surtout ! Et des yeux. Oui, des regards particuliers parce qu'ils se réjouissent de l'arrivée ou de ce qu'ils viennent de vivre. Des yeux qui brillent grâce la lumière différente, grâce à la couleur de la peau qui a pris le soleil. Des sourires aussi, plus ou moins crispés selon l'effort fourni.

On pose le sac, le piolet, la corde. On souffle. On se présente. Le, la gardien-ne sont là. Ils nous attendaient, ils nous accueillent. Des gens : jeunes passionnés sans beaucoup de sous qui seront hors-sac, des plus anciens avec les moyens de s'offrir la demi-pension vont se cotoyer. Des guides qui se connaissent et dorment dans la même piaule réservée. Des bandes de copains expérimentés qui partagent le temps d'un séjour leur amour de la montagne. Des couples aussi, heureux de vivre en commun une passion.

 

Le refuge c'est d'abord l'accueil du soir.

Puis la nuit qui commence généralement tôt après le repas servi vers 18h45, le tarôt de la bande de potes, les discussions sans fin des différentes expériences des uns et des autres. C'est souvent gai et en même temps calme. La fatigue ? La paix intérieure ? Le bonheur ?

En fait tous ceux et celles qui sont en refuge l'ont vraiment voulu et sont heureux d'être là. Bon, évidement, il y a ceux qui se croient à l'hôtel, ils oublient de débarasser leur table à la fin du dîner. Mais tous ceux qui proposent leur aide, qui passent l'éponge à la fin du repas, qui mettent les mains dans l'eau de vaisselle compensent largement les autres.

Il faut prévoir combien de thés et de chocolats chauds pour ceux et celles qui se lévent à trois heures du matin; combien de cafés pour le réveil de cinq heures ? Les gardiens doivent se lever, réveiller les sportifs et les servir avant d'aller se recoucher pour grapiller quelques heures de sommeil supplémentaire.

 

Au refuge, quasi-assurance d'une vue "carte postale".

Mais le temps météorologique est stratégique ! Il joue un grand rôle pour ceux qui vivent là. Si il fait trés beau, en plein été, randonneurs ou alpinistes remplissent les refuges. Alors que des prévisions défavorables entraînent des annulations de réservations en série. Pour les gardiens tout est question de gestion. Gestion de l'accueil, gestion des stocks, gestion de la sécurité. En effet ils/elles se doivent d'informer de toutes les conditions des terrains que veulent conquérir les "montagnards". Ils doivent évaluer les risques possibles et savoir communiquer. Ils doivent être capable de juger si tel groupe est en capacité d'atteindre son projet et si tel autre se met en danger. Les gardiens gardent ! Ils surveillent "leur" espace. Entre refuges des moyens radios leur permettent d'être reliés et ce sont eux qui, bien souvent, estiment qu'il y a problème.

 

Vigies de nos risques

Attentifs/ives à nos besoins

Ils et elles donnent beaucoup

Le gardien, la gardienne est bien le/la plus généreux des

amoureux de la montagne....

 

 

 

Une belle révérence à eux comme a dit Vivien.

G.Pezeu